Depuis toujours...
Ces amis là ne sont pas vraiment les miens. Plutôt ceux de mes parents. Elle est une amie d'enfance de ma mère, lui a été stagiaire de mon grand-père, il y a des années. Les deux couples se sont retrouvés, je ne sais même pas commen,t en fait. Leurs enfants ont été nos baby-sitters et j'ai gradé les enfants de leurs enfants! C'est une des familles les plus gentllles que je connaisse. J'ai animé (avec beaucoup de failles!) la messe de mariage de leur dernière fille, j'ai assisté aux baptêmes des petits-enfants qui arrivaient. Ce ne sont pas vraiment des amis en fait, ils font partie de la famille. une de ces familles que l'on se crée. Parce que rien n'a changé dans leur appartement, à part internet, on sait où sont les verres à vin et on aime bien mettre la main à la pâte en cuisine. J'aime bien arriver plus tôt que l'heure officielle du déjeuner (13heures tapantes!). On met le couvert ensemble. Elle a toujoursun mot gentil sur ce qu'on fait. C'est le genre de femme qui vous enlève vos doutes avec son sourire bienveillant. On parle de tout, de politique, de la famille, des souvenirs en commun. "Cette promenade sous la pluie quand vous étiez venus en week-end, tu te souviens?" Bien sûr, un souvenir extraordinaire (une fois qu'on a été secs!). Les répétitions des chants pour la messe de mariage, les dîners avec leur fille alors qu'ils étaient dans leur maison de campagne. On se sent en sécurité chez eux. Ils ont 78 ans tous les deux et pourtant, ils ne changent pas. Il a toujours son sourire un peu ironique, puits de science, grand intellevtuel, passionnant.
On ne se voit pas toutes les semaines non plus. Peut-être deux ou trois fois dans l'année, mais ça suffit. Ca permet de se replonger dansx une époque révolue, des moments plus doux, où tout semblait plus simple. C'est une vraie tendresse qui nous lie. "Je te préviens, c'est à la bonne franquette le déjeuner, comme avec nos enfants!"; J'aime bien cette phrase, fausse en plus car elle est une fabuleuse cuisinière. on ne passe pas très longtemps. Juste deux heures et demi. A la fin du repas, il va fairer la sieste, elle sort alors le paquet de cigarettes oublié par son fils cadet et en grille une avec moi, discrètement. Elle prend son tricot ou sa couture, je passe les aiguilles, on parle de religion (il est athée et le sujet est assez tabou à table!). Quand je sors de chez eux vers 15h, je suis juste heureuse, on a dit du mal des socialistes, on s'est demandé pour qui voter pour la primaire des Républicainbs, on a parlé de Chateaubriand, de Lamartine etdu dernier Woddy Allen, de l'exposition si merveilleuse "à la Sainte Chapelle, c'est vraiment fabuleux" J'ai acquiescé en sachant pertinemment que je n'y mettraispas les pieds pas plus qu'à la conférence sur les Chrétiens d'Orient qui a l'air passionnante mais à cette date-là, j'ai déjà des projets (véridique en plus!)
On se rappelera dans trois ou quatre mois, on sera à nouveau invité à venir partager un moment dans cet appartement un peu désuet mais dans lequel on se sent si bien. Et on continuera à y aller. C'est important de garder des liens avec des gens qu'on connaît... depuis toujours.