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une vie normale ou presque...
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4 novembre 2014

Par hasard...

Il m'est tombé dessus, comme une envie d'écrire, comme un désir fou que rien ne peut apaiser. Un souvenir réel ou que l'on m'a raconté? Je ne sais plus, tout se mélange un peu mais que cela est doux. La première fois que je l'ai vu, j'ai caressé sa peau longuement. Une peau tannée, travaillée, je l'ai adoré au premier regard. Au premier contact, j'ai su que jamais rien ne pourrait nous séparer. J'en ai aimé des centaines, des milliers peut-être même après lui. Qu'à celà ne tienne, il restera à jamais le premier. Je revois son regard fabuleux qui m'a enlevée sans même me demander mon avis. Des heures avec lui, j'ai passé, j'ai savouré chacun de ses mots, dégusté chacune des phrases qu'il a pu me murumurer à l'oeil. J'ai mille fois tenté de faire pareil, sans succès, en vain parce que je n'ai pas ce talent, cette façon de mettre un sourire sur les lèvres, cette manière de caresser mon esprit en me faisant frissonner, comme un amant qu'on ne peut oublier. Parce que je lui en veux d'avoir dit à tant d'autres des mots que je ne croyais faits que pour moi. Il reste mon plus grand souvenir d'amour,il n'est pas resté très longtemps pourtant. Peut-être quelques semaines, quelques mois mais j'en doute. Je passais des heures à le regarder se transformer. Il devenait de plus en plus beau et je ne l'en aimais que plus. Parfois, j'attendais d'être seule pour passer un moment avec lui. Je respirais son odeur, je m'enivrais presque malgré mon jeune âge. Comme il me plaisait, comme j'enviais celle à qui il était destiné. peut-être même fut-il le premier d'une longue série d'amours interdites. Il portait du cuir, un beau cuir brun un peu usé, celui d'un mauvais garçon avec des cheveux trop longs et un jean élimé, de ceux qui font fuir les mères qui préfèrent Michel Drucker parce qu'il est "propre-sur-lui"! Je n'en avais que faire, c'est avec lui que je me sentais bien, il me protégeait, me tenait à l'écart des déchirures de la vie et je sentais presque ses yeux qui m'encourageaient. Il fut le premier drame de ma vie, le jour où il est parti, le jour où l'infâme, où l'autre est venue j'ai cru mourir de douleur, de tristesse tant je savais déjà qu'il allait me manquer atrocement.

Je devais avoir six ou sept ans, d'où quelques ratés à ma mémoire, ma mère était relieur et pour la première fois, je la voyais travailler sur un ouvrage: "les Mémoires d'Outre-Tombe" de Chateaubriand. Je n'ai rien compris à ce que je lisais (à part peut-être ses jeux sur la plage de Saint malo avec Grésil qui me rappelaient les miens avec mes cousins à La Baule) mais je savais qu'un jour nous nous retrouverions. Quand à treize ans, je l'ai revu (en poche cette fois) à la bibliothèque,je n'ai pas hésité une seconde. Nous nous sommes retrouvés comme au premier jour. Comme si nous nous connaissions depuis toujours, ce qui en somme était un peu le cas... Je n'ai jamais pu oublier pourtant ce premier exemplaire. Nous avions été si proches l'un de l'autre. Je ne sais même plus si la dame à qui il était destiné est toujours de ce monde mais si oui, j'espère qu'il est bien chez elle, qu'elle a su mettre entre ses pages vieillies du papier de soie, pour qu'il ne s'abîme pas trop, qu'une fois par trimestre elle l'époussette, qu'elle repose avec tendresse entre ses contemporains peut-être. Que Victor Hugo et Alphonse de Lamartine l'accompagnent dans une vieille bibliothèque en chêne dans un appartement parisien ou une belle demeure à la campagne. Peut-être qui sait, quelqu'un le prend-il avec précaution, admire le travail de ma mère et même le relit en disant que c'est un beau livre et qu'il ferait certainement plaisir à sa petit-fille qui vient d'avoir treize ans... ou douze.

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