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une vie normale ou presque...
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23 décembre 2015

"Pour en arriver là..."

Y a eu les alertes, les appels au secours... Des tentations du suicide plutôt que de vraies tentatives. Y a eu les engueulades des ami(e)s, impuissant(e)s face à une détresse latente. Et puis il y a eu mercredi soir dernier. Cette fois, c'était sérieux, plus un appel au secours, trois cachets avalés avec une ou deux mauvaises bières, non là ça a été trois bouteilles de vin et quarante cachets d'antidépresseurs. Cette fois-là, on était dans une urgence vitale. En tout cas, c'est comme ça qu'ils me l'ont présenté à l'hôpital quand j'ai fini par me réveiller. Cinq TS en un mois "non, Madame, ce n'est pas normal". Encore abrutie par les médicaments, j'ai ouvert de grands yeux, une grande bouche, voulu dire quelque chose et ce sont des larmes qui sont sorties. Des larmes comme rarement j'en avais versées. Des larmes de trop-plein. Pas celles d'un dimanche pluvieux de novembre où on ne sait pas quoi faire. Des larmes qui venaient de tout au fond là, entre le coeur et l'estomac, là où se cachent insidieusement toutes les émotions. Je revois le regard inquiet de la psychiatre et sa question je l'entends aussi:"bon, on fait quoi maintenant?". Perfusion d'un côté, angoisse de l'autre, je ne savais pas quoi faire. le simple fait de mettre un pied par terre me semblait insurmontable. On m'a collée dans un fauteuil roulant et roulé (jeunesse!) jusqu'au bureau des psychiatres. une infirmière et la psy. "Vous allez de plus en plus loin dans vos tentatives de suicide, il faut agir. Vous avez le choix entre deux choses -marrant mais je les sentais pas ces deux choses-: soit vous choisissez de vous faire hospitaliser, soit je prends la décision pour vous". Je dois avoir un côté voyante en les sentant pas ses deux choix à la dame en blanc. J'ai regardé l'infirmière qui acquiesca d'un air doux. J'ai accepté l'hospitalisation de moi-même. Les lenteurs traditionnelles de l'administration française m'ont permis de demander à aller fumer une cigarette accompagnée par l'infirmière. J'avais déjà parlé avec elle plusieurs fois et je sentais une oreille chez elle que je trouvais moins (voire pas du tout) chez la psychiatre. Nous avons commencé à parler de la clinique, de la nécessité de se soigner, du mal que je me faisais certes mais aussi de celui que je faisais sans m'en rendre compte aux gens qui m'aimaient. Car on est tellement égoïste dans ces moments là! Rien à faire des amis, de la famille, on est retranché dans son mal-être et c'est tout. "Vous êtes comme un hamster dans une roue qui tourne toujours de la même façon depuis des années, il est temps que le hamster sorte de la roue et prenne une autre voie".

"IL EST TEMPS QUE LE HAMSTER SORTE DE SA ROUE ET PRENNE UNE AUTRE VOIE"... En une phrase, elle avait tout résumé. Tout compris. Tout dit. Au moment d'entrer dans l'ambulance sur le brancard, je lui ai fait un signe de la main en souriant "premier pas en dehors de la roue?". Elle n'a rien dit, juste souri, un sourire confiant. Oui, cette fois-ci le hamster que je suis allait sortir de sa roue. Avec le temps que ça prendra. Voilà six jours maintenant que je suis hospitalisée. J'ai enfin réussi à trouver avec mon psychiatre un traitement qui me fait dormir réellement la nuit. Il m'arrive de dormir même l'après-midi parce que j'en ai besoin. Mon corps me semble peser des tonnes et mes épaules supporter le monde entier. Il n'en est rien et tout cela ne demande qu'à s'alléger. Depuis hier, je vais courir le matin, il fait beau et frais, cela fait du bien aux neurones. Après, il y a des longs moments de doute, de solitude,mais d'autres qui font du bien... Une cigarette échangée avec un autre patient, parler de ce qui nous amené là ou moment béni parmi tous: ne pas parler de nos pathologies!! Rire. Ca peut paraître étonnant des rires dans une clinique psychiatrique et pourtant, ils sont présents, thérapeutiques même! Rire d'une histoire d'enfant de choeur, à quelques jours de Noël, ça n'a pas de prix. Et les rires se taisent d'un coup, chacun semblant replonger dans sa vie, dans sa maladie, dans son marasme. On écrase la cigarette en se disant "A tout à l'heure". le coeur est un peu plus léger. on remonte lire, regarder un film, écrire, téléphoner aux proches juste pour leur dire qu'on les aime. Et surtout de ne pas s'inquiéter: le hamster est en train de sortir de sa roue.

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Commentaires
A
Que cette nouvelle route t'apporte beaucoup de bonheur...
M
Longue vie au hamster sur sa nouvelle route!
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